La banque numérique n’est pas vraiment une solution pour les Suisses de l’étranger

Balz Rigendinger, 15 mars 2022

Le lobbying politique de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE) a fonctionné malgré la pandémie. Réuni en ligne le week-end dernier, le Conseil des Suisses de l’étranger – parlement de la Cinquième Suisse – a pu présenter les fruits de ces efforts.

Les années passent, mais les difficultés des Suisses de l’étranger avec les banques suisses ne sont toujours pas résolues. Il leur est de plus en plus difficile d’obtenir un compte bancaire à des tarifs acceptables.

Beaucoup ont vu une solution dans l’émergence des banques numériques, y compris l’OSE. Cette dernière s’est concrètement engagée avec le prestataire de services de paiement Yapeal, une start-up suisse pour laquelle le partenariat avec l’Organisation des Suisses de l’étranger vaut la bagatelle de 50’000 francs.

«Au pire des cas, vous perdez votre argent»

Mais les gros titres négatifs n’ont pas tardé à suivre. Comme Yapeal se réorganisait, la question de la santé financière de la néo-banque s’est posée. L’OSE a demandé des informations. Le trésorier Lucas Metzger a pu informer le Conseil des Suisses de l’étranger. «Nous savons que l’autorité suisse de surveillance des marchés financiers suit Yapeal très sérieusement, a-t-il indiqué, avant de préciser: «Yapeal n’est pas une banque, mais un prestataire de services de paiement. Il est là pour payer les factures».

Cette offre répond théoriquement à un grand besoin pour bon nombre de Suisses de l’étranger, car beaucoup ont encore des obligations financières en Suisse.

L’affaire présente cependant quelques inconvénients, comme il est apparu clairement lors de la réunion du Conseil de samedi. Tout d’abord, selon Lucas Metzler, Yapeal ne propose ses services que dans les pays limitrophes de la Suisse; pour tous les autres, cela tombe actuellement à l’eau. De plus, «ce n’est pas une banque qui est soumise à la garantie des dépôts, a encore précisé Lucas Metzger. Au pire des cas, vous perdez donc votre argent». Contrairement aux banques traditionnelles, qui garantissent dans tous les cas les avoirs déposés jusqu’à 100’000 francs.

Membre du Conseil des Suisses de l’étranger, Ivo Dürr a décrit un autre écueil. Selon son expérience personnelle, il n’est pas possible de transférer de l’argent d’un compte étranger vers un compte Yapeal. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, Yapeal ne constitue pas une véritable alternative pour les Suisses de l’étranger. «C’est pourquoi ce n’est vraiment pas intéressant pour nous», a conclu Ivo Dürr.

Source: SwissInfo