Dans l’espace, la petite Suisse joue dans la cour des grands
Par Marc-André Miserez le 4 décembre 2020
Un double Prix Nobel et des instruments embarqués sur 50 missions, européennes, américaines, russes ou chinoises. Dans l’espace, la Suisse est partout, et c’est encore elle qui va affréter le premier «camion-poubelle» en orbite terrestre.
L’annonce a fait grand bruit, et pour cause: ClearSpace-1, ce sont au moins quatre premières mondiales. L’Agence spatiale européenne (ESA) achète une mission «clés en mains», verse près de 100 millions de francs à une start-up, qui va construire le premier éliminateur de déchets spatiaux et tenter d’attraper pour la première fois un morceau de ferraille en vol non contrôlé. Car il est temps de mettre un peu d’ordre dans la grande poubelle qu’est devenue l’orbite terrestre, désormais dangereuse pour tout ce qui s’y promène.
En 1995, par contre, la découverte n’avait guère fait de bruit hors des cercles scientifiques. Puis au fil des années, le public a commencé à comprendre que ce à quoi la science-fiction l’avait habitué était désormais réalité scientifique: la galaxie fourmille non seulement d’étoiles, mais aussi de planètes. Et les premiers à avoir identifié un de ces mondes orbitant autour d’une étoile autre que notre soleil s’appellent Michel Mayor et Didier Queloz. Ils sont suisses.
24 ans plus tard, leur découverte leur a valu le Prix Nobel de physique.
Cocorico mis à part, ce Nobel est pleinement justifié. La découverte est une des plus importantes du 20e siècle en astronomie. Elle a ouvert de nouveaux champs de recherches pour comprendre notre place dans l’univers, et elle multiplie par des millions les chances de trouver une vie extraterrestre.
Pour les 20 ans de cette première exoplanète, j’avais consacré un article de fond à la question.
Mais la quête de la vie n’est pas chose simple quand on la cherche sur des mondes distants de centaines de milliers de milliards de kilomètres. C’est ici qu’intervient l’ingéniosité humaine. Et là aussi, les Suisses sont présents.
Aujourd’hui, il s’agit d’aller plus loin. Comprendre de quoi sont faites les exoplanètes. C’est la mission du télescope spatial CHEOPS, le premier satellite européen «Made in Switzerland», lancé en décembre 2019. Après quelques mois de mises au point en orbite, il a livré au printemps 2020 ses premiers résultats.
Mais la réputation des Suisses dans l’espace n’a pas attendu Clear Space, ni CHEOPS, ni Michel Mayor et Didier Quéloz, ni même l’astronaute national Claude Nicollier – premier spécialiste de mission non-américain à la NASA – pour s’établir.
En 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin débarquent sur la Lune avec une montre suisse au poignet. Et la première chose qu’ils y font, avant même de déployer la bannière étoilée, c’est d’installer la voile solaire de l’Université de Berne – seule expérience scientifique non-américaine à bord d’Apollo XI.
Depuis les débuts de l’exploration spatiale, il n’est pratiquement pas une mission américaine ou européenne qui n’embarque un peu de technologie suisse. Car ce pays sait fabriquer des instruments à la fois très précis et très fiables, conditions indispensables pour résister aux contraintes d’un voyage spatial.
Qu’il s’agisse de propulser un rover sur Mars, de «sniffer» les gaz qui s’échappent d’une comète ou de prendre des images haute définition d’une planète du système solaire, les ingénieurs suisses ont la solution.
La Suisse, pays de l’horlogerie et de la mécanique de précision, dispose également d’un système d’éducation et de soutien à la recherche très performant. Ce qui explique en partie comment un petit pays dans les montagnes est devenu un grand pays dans l’espace.
Source : Swissinfo.ch
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